Texte : Julien Gernez
Photos : Maël Robin, Thomas Pougheon et Julien Gernez
2022
________________
Manticore 2022
Manœuvres de grandes ampleurs des forces terrestres en Occitanie.
Du 12 septembre au 7 octobre, pas moins de 5000 hommes, 500 véhicules et plus d’une quarantaine d’hélicoptères étaient engagés dans l’opération Manticore. S’inscrivant dans le cadre de la préparation opérationnelle de l’armée de terre, cet exercice majeur, interarmées, interarmes et interallié, visait à entraîner les forces à la guerre de haute intensité en conditions réelles.
Pour la première fois, trois exercices de niveau brigade ont été regroupés afin d’offrir un environnement d’entraînement plus riche, reflétant au plus près la réalité des combats sur le terrain. Manticore est, en effet, la fusion des exercices BACCARAT de la 4e brigade d’aérocombat (4e BAC), ACYNONYX de la 11e brigade parachutiste (11e BP) et GORGONES du commandement des forces spéciales terrestres (COMFST). Intégrant également des unités étrangères provenant de Belgique, d’Espagne, des Pays-Bas et des Etats-Unis, Manticore avait pour objectif l’entraînement à la planification et la conduite d’opérations héliportés et aéroportées dans la profondeur du champ de bataille et dans un contexte de préparation opérationnelle renforcée. Pendant quatre semaines, cet exercice aura permis d’augmenter la capacité des soldats à œuvrer sur un terrain d’opération dans la durée et dans des conditions rustiques, et de renforcer l’interopérabilité et la coordination entre les unités, qu’elles soient françaises ou étrangères, conventionnelles ou spéciales.
Un tel exercice requérant une zone de manœuvre extrêmement vaste en accord avec les moyens engagés et les objectifs à atteindre, celle-ci couvrait quatre départements du sud de la France : le Tarn, le Lot, le Puy-de-Dôme et l’Aveyron.
Le scénario de l’exercice visait à protéger un pays allié fictif (la Septimanie) envahi par une force adverse elle aussi fictive (Mercure). Le but était de repousser cet ennemi, doté de moyens symétriques, hors des frontières de la Septimanie. Si le scénario de base était connu de tous, le résultat des diverses actions menées quotidiennement influait jour après jour sur la stratégie adoptée et la conduite à tenir lors des manœuvres suivantes.
Afin de frapper vite, fort et loin, aussi bien de jour que de nuit, une flotte conséquente d’hélicoptères de manœuvre (HM) et d’attaque (HA) était déployée et dispersée sur trois plots distincts : Le 1er RHC (NH90, Tigre et Gazelle) sur le camp militaire de Caylus, le 3e RHC (NH90 et Puma) sur l’aérodrome de Florac Sainte-Énimie et enfin le 5e RHC (NH90 et Gazelle) en pleine nature, non loin du village d’Auriac-Lagast. Ce dernier régiment était complété par un détachement des Fuerzas AeroMobiles del Ejercito de Tierra (FAMET) comprenant deux Cougar et deux Tigre. Sur ce type d’exercice, les militaires français travaillent en étroite collaboration avec leurs homologues espagnols de l’Ejército de Tierra depuis maintenant plusieurs années.
Pendant toute la durée de Manticore, les hélicoptères ont ainsi effectué de nombreuses opérations héliportées (OHP) en appui de la manœuvre aéroterrestre et au plus près des zones de combats. Pour supporter ces OHP, plusieurs FARP (Forward Arming and Refuelling Point) avaient été positionnées en divers endroits. Ces points stratégiques, dont les emplacements évoluent en fonction de la situation sur le front, permettent de ravitailler en carburant (et en armement) toutes les machines impliquées dans les opérations héliportées. À noter également la présence très discrète de deux NH90 belges aux côtés des forces spéciales terrestres.
Manticore étant un exercice interarmées, l’armée de l’air et de l’espace était, elle aussi, engagée dans la manœuvre. Ainsi, deux Airbus A400M ont été mis à contribution au départ du Pôle National des Opérations Aéroportées (PNOAP) de Toulouse-Francazal afin d’acheminer rapidement les parachutistes du 2e REP (Régiment Étranger de Parachutiste) et leurs matériels sur différentes zones. Dès les premières heures de l’exercice, les militaires ont ainsi été projetés sur l’aérodrome de Castres afin de s’en emparer et de le sécuriser, puis, au fur et à mesure de l’avancement des opérations, ils ont ensuite été redéployés sur les aérodromes de Cahors puis de Rodez. Un Casa CN-235 réalisa de son côté quelques actions d’infiltration au profit notamment des commandos parachutistes (GCP).
À quelques mois de l’exercice majeur Orion 2023 (qui débutera en mars prochain), l’entraînement proposé par Manticore aura permis de faire œuvrer les unités Françaises conjointement aux forces alliées tout en combinant les savoir-faire de chacun et ainsi renforcer les liens.
Je tiens à exprimer mes plus sincères remerciements au Commandant Philibert du comm ALAT, au Lieutenant Hortense du 1er RHC, au Brigadier Chef Jérôme du 5e RHC, ainsi qu’à tout le personnel de l’ALAT rencontré sur les différentes manip’.