Texte : Julien Gernez
Photos : Julien Gernez & Alain Ragu
2020
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Baccarat 2020
Immersion en plein cœur des Alpes avec la 4e brigade d’aérocombat.
   Du 14 au 24 septembre 2020 avait lieu la quatrième édition de l’exercice annuel de synthèse de la 4è brigade d’aérocombat (4è BAC). Nommé Baccarat, cet exercice majeur d’entraînement au combat aéroterrestre de haute intensité en terrain libre était organisé cette année en partenariat avec la 27è brigade d’infanterie de montagne (27e BIM). Se déroulant pour la première fois en plein coeur du massif alpin, cet entraînement de deux semaines aura mobilisé des moyens importants tant humains que matériels. 1500 soldats, de nombreux véhicules blindés, des postes de commandement numérisés et plus d’une trentaine d’hélicoptères de combat étaient répartis sur un vaste quadrilatère de 150 kilomètres de front sur 250 kilomètres de profondeur.

Deux semaines en plein coeur des Alpes :
Baccarat est un exercice interarmes, interarmées et interalliés. Ses principaux objectifs sont de contrôler et de valider les savoir-faire acquis par les unités à l’issue d’une année d’entraînement en commun et de valider les modes d’action liés à l’aérocombat face à un ennemi conventionnel équipé de matériels modernes. Avec une zone d’exercice comprise entre Valence, Grenoble, Gap et Briançon, l’édition 2020 permit de perfectionner les méthodes d’intervention en milieu montagneux tout en se familiarisant avec les équipements numériques de dernière génération notamment en matière de communication et de commandement.
Baccarat 2020 était scindé en deux phases. La première, du 14 au 18 septembre, était consacrée à la mise en place des différents postes de commandement des groupements tactiques interarmes (PC GTIA), aux vols techniques et de reconnaissances en montagnes et aux tirs réels sur les champs de Suippes et Canjuers. La seconde phase, appeler phase tactique ou LIVEX (Live Exercice), eut lieu du 19 au 24 septembre. Cette phase dynamique permit de réaliser des actions dans la profondeur en combinant les moyens aériens et terrestres. Durant cette période, les opérations héliportées étaient donc nombreuses allant de l’infiltration/exfiltration de commando à l’embuscade en passant par l’assaut vertical, la saisie de cols (Col des Granons, col de Grimone, col de la Croix-haute ou encore citadelle de Mont-Dauphin pour ne citer qu’eux) et la mise en place de Forward Ammunition Refueling Point (FARP) destiné au ravitaillement et au réarmement des hélico’ au plus prêt du champ de bataille.

Afin que l’exercice puisse coller autant que possible à la réalité du terrain, l’ALAT mis sur pied un scénario particulièrement réaliste et ambitieux rendu difficile par un environnement de montagne exigeant et faisant intervenir un ennemi conventionnel particulièrement bien équipé et capable de mener un combat symétrique de haute intensité. En d’autres termes, dans ce scénario, les forces amies, constituées de la 4è BAC et de ces alliées, durent faire face à une force adverse qui lui était équivalente sur le plan de la préparation, de l’armement et de la détermination. Afin d’apporter un réalisme encore plus accru, les résultats des diverses manoeuvres quotidiennes jouèrent un rôle décisif sur l’évolution du scénario tout au long de l’exercice. Cette particularité de Baccarat fait que les forces durent s’adapter continuellement durant cette phase tactique.
Sur le terrain, les tactiques opérationnelles adoptées afin de contrer l’avancée ennemie et le détruire furent jouées et rejouées au minimum deux fois via la technique dite du « bac à sable ». Celle-ci rend possible, avec les moyens du bord et à même le sol, de cartographier le champ de bataille et d’y positionner les différentes forces en jeu. Cette méthode, bien que très sommaire, permet à tous les acteurs d’avoir une vision globale de la situation et ainsi de rejouer efficacement et rapidement la stratégie qui sera appliquée sur le terrain. Précisons que pour toute la durée de l’exercice, les contacts radio furent établis sur une fréquence unique, contraignant les opérateurs à la concision et à la précision afin de ne pas encombrer inutilement la fréquence.


Déploiement des forces et coopération :
Cette année, plus d’une vingtaine d’unités de l’armée de terre étaient engagées aux côtés des trois régiments d’hélicoptères de combat (RHC) composant la 4è BAC, à savoir le 1er RHC de Phalsbourg, le 3è RHC d’Etain et le 5è RHC de Pau. Pour les besoins de l’exercice, personnels et machines de ces trois régiments furent délocalisés dans le Sud-est de la France ; le 1er sur la FOB (Forward Operating Base - Base opérationnelle avancée) de Châteauneuf-de-Galaure avec ses Caïman, Gazelle et Tigre, le 3è sur la base de Valence-Chabeuil avec ses Gazelle et le 5è sur l’aérodrome de Grenoble-le Versous. Ce dernier fit le déplacement avec un parc aéronef particulièrement varié composé de Gazelle, Tigre, Caïman et Cougar rénovés pour un total de seize machines. Une poignée de Fennec de l’EALAT complétaient également le dispositif ; leurs actions se cantonnant à quelques missions d’observation et de servitude auprès des autorités. Signe incontestable de la transformation de l’ALAT, aucun Puma ne pris part, cette année, aux opérations héliportées. Particulièrement conséquente, la force adverse était composée, entre autres, des unités de réserve des trois régiments d’hélicoptères de combat et du centre d’entraînement national en zone urbaine / 94e régiment d’infanterie (CENZUB - 94e RI).

La coopération interalliés fait toujours partie intégrante de Baccarat, et ce, depuis la toute première édition en 2017. Le cru 2020 ne fit pas exception à la règle puisqu’un détachement britannique du 4th Regiment de l’Army Air Corps, comprenant 75 militaires et deux Apache AH1 de 664 Sqn fut intégré au 3è RHC au départ de la base de Valence Chabeuil. De plus, un observateur australien était inséré au centre opérationnel de la 4è BAC à Varces. Le grand absent de cette édition fut sans nul doute les FAMET (Fuerza Aeromóviles del Ejército de Tierra), l’ALAT espagnole, qui, suite aux mesures prises face à la pandémie, n’envoya pas de contingent pour Baccarat 2020. Une première pour les hispaniques qui étaient des habitués de l’exercice depuis sa création. Cette absence était d’autant plus remarquée puisqu’en terme de coopération interalliée, les FAMET faisaient jusqu’ici figure de nation partenaire privilégiée. Ce partenariat s’était même intensifié l’année dernière puisque ce fut un officier espagnol qui commanda le bataillon multinational d’hélicoptères (BMNH) lors de Baccarat 2019.
Au fil des éditions, Baccarat est devenu un événement essentiel de la préparation au combat des unités de l’armée de terre et joue un rôle primordial en maintenant ces unités à leur plus haut niveau de qualification. Cette année encore, l’armée de terre aura su se mobiliser pleinement dans l’exercice, et ce, malgré un engagement toujours aussi massif en BSS dans le cadre de l'opération Barkhane, et ce en dépit des contraintes liées à la crise sanitaire sur le territoire.

Remerciements à toutes les personnes des services de communication de l'Armée de Terre qui ont permis ce reportage et plus particulièrement au Capitaine Desmons ainsi qu’au Lieutenant LeBer et la Capitaine Balistaire pour leur accueil, leur disponibilité et l'organisation quotidienne des prises de vue.
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